Und d’Howard Barker : ode à la fin d’un massacre au CDRT

Natalie Dessay dans Und d’Howard Barker au CDRT – DR
C’est toujours embarrassant d’écrire qu’on n’a pas aimé quelque chose. C’est d’ailleurs bien pour ça que généralement j’évite simplement de vous parler de ce qui ne me plaît pas. Mais là c’était tellement une expérience théâtrale catastrophique pour moi, et c’est encore si chaud que je ne peux m’en empêcher. Je sors du Centre dramatique régional de Tours, où je viens de voir Und d’Howard Barker, et je me suis tellement ennuyée que, pour la première fois de ma vie, je me suis endormie au théâtre.
L’année dernière j’avais passé un délicieux moment au CDRT avec La Dispute de Marivaux. Du coup, j’avais décidé de passer outre mes stupides a priori sur le théâtre subventionné de région et j’ai décidé de prendre un abonnement au théâtre Olympia de Tours. J’ai sélectionné pour l’instant 5 spectacles : Und, d’Howard Barker, trois pièces de Molière revisitées par Vitez et Fugue de Samuel Achache.
Moi qui suis assez traditionnelle en matière de théâtre, je me trouvais enfin prête à expérimenter l’inconnu. D’où le fait que j’aie pris un billet pour Und, que le site du CDRT présente ainsi :
« Une femme attend un homme. L’homme est en retard. Alors elle parle, tandis que l’homme (si c’est bien lui) s’approche. Entre duo d’amour et duel à mort, une étrange partie s’engage : pour l’un d’eux, cette rencontre sera fatale. Voix majeure du théâtre anglais contemporain, Howard Barker revient dans ce monologue sur son territoire de prédilection : le rapport entre le désir et la mort, tel que seule la tragédie peut en donner l’expérience au spectateur. Avec une écriture sur le fil, qui mêle poésie, lyrisme et humour noir, Barker tisse le portrait d’une femme dont la parole devient une arme de survie. »
Je vous assure que j’étais prête à tester le bizarre. Mais Und, ce n’est pas juste bizarre, c’est carrément trop « Arte c’est la nouit » pour moi. J’ai bien saisi les différents thèmes abordés (en plus ils sont détaillés dans le programme. L’attente, la mort, la définition de la victime et du bourreau… Même la vanité, qui est pour moi un thème central de cette pièce et qui est extrêmement bien abordé. Natalie Dessay avait beau remplir la scène sans pour autant bouger et exceller dans son rôle, le discours… eh bien le discours je l’ai trouvé chiant, voilà. Ce qui fait qu’à un moment je me suis sentie partir et que je me suis même endormie. Heureusement, le lustre de glace surplombant la scène et prévu pour être éphémère a commencé à s’effondrer et à exploser sur les planches recouvertes d’une bâche et ça m’a réveillée (en sursaut).
Le problème c’est qu’hormis le texte, je n’ai pas grand-chose à reprocher à cette mise en scène de Jacques Vincey, si ce n’est que pour moi on n’avait nul besoin de voir Alexandre Meyer, qui s’occupait de la musique et des sons. J’ai trouvé sa présence à l’avant de la scène arrogante – sans compter que c’était un facteur de déconcentration. Quand les yeux n’auraient dû lâcher Natalie Dessay, ils étaient attirés par les mains du musicien (talentueux, cela ne fait pas de doute). Les costumes et la mise en scènes étaient plus que corrects et je dois avouer que, sa fonction de réveil mis à part, j’ai adoré voir s’effondrer le fameux lustre de glace. Mais je me suis ennuyée à mourir – je vous assure que je ne suis pas idiote et que j’ai tout à fait compris à quels moments c’était sensé être drôle, mais je n’ai pas ri. Heureusement, mon avis n’importera pas, puisque c’est à la dernière représentation que j’ai assisté. Et cela n’a pas entamé mon envie d’aller voir les Molière de Vitez ni Fugue de Samuel Achache (j’ai de grandes attentes en ce qui concerne cette dernière).

Natalie Dessay dans Und d’Howard Barker au CDRT – DR